Visiter Tolar Grande est peut-être un des moments les plus marquants pour moi de ce voyage en Argentine. J’ai retrouvé pendant ces 3 jours tout ce qui m’avait émerveillé sur les hauts plateaux de la cordillère des Andes bolivienne dans le sud Lipez. ou sur le plateau de Sajama .
On se retrouve dans des décors désertiques de folie, sur la Puna Salteña, perchés entre 3500 et 4500m d’altitude et avec presque pour seule présence humaine nos compagnons de route.
Beaucoup, et moi la première avant de partir, se demandent si cet itinéraire peut se faire en totale autonomie. En saison sèche, je dirais qu’il n’est pas impossible de le faire. On peut en effet envisager de faire la route sur les quelques 700km sans 4×4. Par contre à partir de San Antonio, vous roulerez uniquement sur de la piste. Il faut être prudents en raison de l’isolement de cette portion de voie, sans réception GPS ni même de réseau téléphonique avec pour corser le tout des carrefours sans indications. Ne pas oublier également que la seule station disponible se trouve à San Antonio !
Pour notre part, nous n’avons pas voulu prendre le risque et avons choisi un tour de 3 jours avec un guide.
Voilà notre itinéraire :
Jour 1 : Salta - Tolar Grande (3500m) : 350km et 10h de route
Route jusqu'à Antonio de los Corbes (3h)
La première partie de l’itinéraire suit la route entre Salta et San Antonio de Corbes.
Nous empruntons d’abord la route à l’intérieur de la Quebrada del torro. C’est un large canyon traversé par une voie ferrée aujourd’hui partiellement désaffectée. Au début du 20ème siècle, elle permettait de relier Salta à l’océan Pacifique au Chili (900km) pour le transport de marchandises. C’est devenu aujourd’hui un train touristique, l’un des plus hauts du monde, ‘el tren a las nubes’.
Nous profitons d’abord de superbes panoramas sur les montagnes colorées qui nous entourent, puis nous traversons une zone plus désertique avec les célèbres cactus géants, les candélabres. Le paysage est composé de formations rocheuses abruptes et spectaculaires, de couches sédimentaires colorées, le tout contrastant avec un arrière-plan de montagnes imposantes.
On grimpe ensuite sur l’altiplano jusqu’à atteindre San Antonio, à 3700m d’altitude. À l’arrivée, la vue est agréable sur le village, mais aussi sur l’immensité des Salinas Grandes que l’on aperçoit à l’opposé.
Ce pueblo, perdu au milieu de la Puna, compte près de 7 000 habitants. Cela s’explique par la présence de mines de lithium et d’or dans la région, qui nécessitent une main-d’œuvre importante.
De San Antonio de los Corbes à Tolar Grande (4h)
les paysages de l'altiplano
Nous repartons après une petite pause café. A partir de là, ce n’est plus qu’un réseau de pistes jusqu’à Tolar Grande.
Nous passons la partie la plus élevée du tour par le col Abra de Alto Chorrillos à 4560m. C’est là qu’on est contents d’avoir mâché des feuilles de coca depuis plusieurs heures et bu beaucoup pour éviter les effets désagréables du mal de l’altitude. Et je vous assure que ce n’est pas une lubie pour touristes. Les chauffeurs sont les premiers à en utiliser et à nous en proposer.
A cette altitude on observe une faune et une flore typique. je retrouve les premières boules de mousses ‘yareta‘ déjà rencontrées à Sajama et dans le salar d’Uyuni en Bolivie. Allez savoir pourquoi elles me passionnent, car elles sont somme toute assez banales ! C’est probablement parce que c’est une plante emblématique des plateaux andins qui ne pousse qu’entre 3500 et 4000m d’altitude.
Nous redescendons de presque 1000m dans des paysages désertiques à couper le souffle.
On aperçoit nos premières vigognes, signe que nous sommes à plus de 3500m d’altitude ! Un de nos guides en Bolivie les appelaient ‘sexy lamas’ ! Ça se passe de commentaires !
Nous croisons ensuite nos premiers guanacos. Ils sont faciles à reconnaître grâce à leur tête noire,
L'arrivée vers Tolar Grande
On arrive au pueblo de Pocitos, perdu au milieu de nul part à plus de 3600m d’altitude. Nous y trouvons tout de même des gamins en train de jouer sur un terrain de football ! Et oui, on est bien en Argentine !
Le salar de Pocitos se trouve tout près du village. C’est une vaste plaine saline entourée de montagnes aux teintes blanches et brunes. Ce n’est pas le site qui m’a le plus marqué de ce tour mais la luminosité particulière sur ces grandes étendues blanches permet de prendre quelques belles photos.
Los colorados s’aperçoit ensuite au loin. C’est un paysage indescriptible et fascinant. On se croirait sur Mars. On traverse un désert rouge, absolument sans aucune végétation et parsemé d’une multitude de collines en forme de cônes. Elles sont faites d’argile et c’est la pluie qui s’écoule sur ce substrat imperméable qui crée cette forme inhabituelle. La lumière de fin de journée confère à ce lieu une atmosphère totalement surréaliste.
La dernière étape de cette journée bien remplie se situe tout près de Tolar Grande. Notre guide nous amène le long de la voie de chemin de fer désaffectée, voir un wagon rouillé datant du début du 20ème siècle. Dit comme ça, je ne verrai pas beaucoup d’intérêt à ce stop sauf pour les passionnés de vieilles machines. Néanmoins, c’est un très joli spot photo au soleil couchant avec le décor rouge montagneux en arrière plan.
Nous arrivons enfin à Tolar Grande à la nuit tombée. On a vraiment l’impression d’être ici au bout du monde. Une rue en terre balayée par le vent, une gare désaffectée, quelques maisons et quasi personne dehors : Voilà le but de notre voyage ! Et c’est génial ! C’est pour vivre des moments comme celui-ci que je voyage !
Jour 2 : découvertes autour de Tolar Grande
Ojos de Mar
Nous débutons cette journée apres une bonne nuit de sommeil par la visite de l’incroyable site ‘Ojos de Mar’
Il se situe juste à la sortie du village de Tolar Grande, dans le salar. Difficile de décrire ce que nous voyons. On découvre des paysages magnifiques de concrétions de sel. Les trous d‘eau, bleu turquoise, au milieu de cette immensité blanche et rouge sont époustouflants.
Ils se forment lorsque l’eau douce provenant des glaciers circule sous le salar et dissout le sel.
Une des particularités de ces ‘ojos’ sont les bactéries qu’elles contiennent et qui intéressent de nombreux scientifiques qui tentent d’expliquer la création de notre planète. En effet, Les stromatolites représentent certaines des plus anciennes formes de vie sur Terre, remontant à plus de 3,5 milliards d’années. Leur étude permet de mieux comprendre les premières conditions de vie sur notre planète et les processus biologiques qui ont permis son évolution.
Salar de Arizaro (3500/4000m d'altitude)
Nous roulons ensuite vers l’ouest pendant 2h dans le Salar de Arizaro, plus grand salar d’Argentine avec 1600km2. C’est un désert blanc, gris et entouré de 3 volcans parmi les plus grands du monde dont le fameux Llullaillaco. C’est le troisième plus haut volcan actif du monde (6.739 m), à la frontière avec le Chili. Ici a été découvert le site du sacrifice inca de 3 enfants (vu au musée de Salta).
Le Salar est riche en sel, mais aussi en fer, en marbre, en cuivre et en onyx. Il y a également des mines d’or qui sont exploitées par des compagnies étrangères. Voilà encore une aberration de la politique menée dans ce pays pauvre et pourtant si riche en minerais rares.
Nous atteignons l’une des curiosités géologiques de cette région : El cono de Arita. Cette montagne en forme de cône parfait culmine à 122m de hauteur dans cette étendue désertique et plate à perte de vue. Elle reste mystérieuse car sa formation n’a pas réellement été élucidée par les scientifiques. Je suis quand à moi impressionnée devant un tel spectacle. La nature nous gâte vraiment ici!
Nous déjeunons dans le désert, devant le cône, fascinés par le paysage que nous avons sous nos yeux.
Un peu plus loin, c’est un arrêt près d’une source d’eau en plein désert qui va une fois de plus me laisser sans voix.
Ce sont des troupeaux de vigognes qui nous entourent, majestueuses. Quelques flamants roses aussi se retrouvent au bord de l’eau.
On se sent petits…. on admire en silence. C’est encore un de ses moments du voyage qui restera gravé dans ma mémoire !
Fin de journée
Pour finir en beauté cette journée, nous faisons une longue halte sur le site surnommé ‘el arenal‘: C’est un ensemble de dunes de sable rouge que l’on peut escalader pour avoir une vue formidable sur les paysages désertiques tout autour.
Les photos se passent de commentaires !
Après le repas, un autre moment magique nous attend avec la contemplation de la nuit étoilée a quelques minutes en voiture du village. Sans aucune pollution lumineuse et à une telle altitude, le ciel est d’une pureté incroyable.
Je n’ai jamais vu la voie lactée aussi belle !
JOUR 3 : Retour à Salta
Nous reprenons la même route avec néanmoins quelques variantes pour rentrer à Salta. On traverse comme à l’aller le Desierto del Diablo, mais cette fois-ci sur une autre section. Les panoramas sont aussi grandioses.
La dernière étape du trajet nous permet d’admirer à nouveaux un grand nombre de cactus géants, les cardones.
En pratique
Où dormir à Tolar Grande ?
Hosteria casa andina, avec des chambres doubles ou des dortoirs. (compris dans le tour avec supplément pour chambre double)
Où manger dans les environs de Tolar Grande ?
Un conseil : faites vos courses à Salta ou San Antonio de Corbes pour vos pic nique pendant le tour.
Le soir vous trouvez quelques restaurations possibles dans les gitesmaisne soyez pas trop exigeants !
Tarif du tour jusqu’à Tolar Grande ?
Un chauffeur/guide pendant 3 jours/2 nuits :
250€ par personne pour une voiture avec 4 occupants et hébergement en dortoir
370€ par personne pour une voiture pour 2 personnes et logement en chambre double
N’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations.